Le blog d\'IronJeff

ÉTHIQUE: PRECISIONS

Suite à mon dernier article, j'aimerais apporter certaines précisions quant à aspect "éthique" de la chose.

Bien sûr, il y a plusieurs images choquantes montrées dans les vidéos de la PETA et dans le film Earthlings. Bien entendu, cela ne représente probablement pas la situation dans la majorité des élevages. Bien entendu, plusieurs associations de défense des animaux ont des pratiques très douteuses et intégristes. Bien entendu, les associations d'éleveurs clament que leurs animaux sont heureux. Cependant, cela force quand même à se poser certaines questions. Entre les images d'animaux écorchés vifs de la PETA (qui ont quand même été réellement filmées quelque part soit dit en passant) et les animaux souriants des différents producteurs, il y a lieu de se poser des questions.

Et même si les animaux ne souffrent pas lors de la mise à mort (ce dont je doute fortement), j'ai de la difficulté à croire qu'on peut s'installer devant une ligne d'abattage pendant une journée sans ressentir un profond malaise.

Éloignons-nous donc du sensationnalisme et portons une réflexion sérieuse sur le sujet.

Une réflexion intéressante de l'agronome Benoît Girouard au sujet du reportage "La face cachée de la viande" peut être lue ici en introduction.

Vous noterez que j'ai fait mes recherches et que j'ai fait l'effort de mettre des références fiables (provenant pour la plupart de l'industrie elle-même). Je vous invite fortement à les consulter pour vous faire votre opinion. Les liens hypertextes vont ouvrir de nouveaux onglets dans votre navigateur.

LE DEAL

Considérons qu'on fait une espèce de "deal" avec l'animal.

Les anciens Amérindiens traitaient l'animal chassé avec grand respect car il s'était sacrifié pour les nourrir. Le deal était respectueux pour les deux parties car l'animal avait vécu sa vie normalement et il avait une chance de s'en tirer. S'il se faisait attraper, c'était une mort similaire à ce qu'il aurait vécu dans la nature.

Je trouve que le deal entre l'humain et l'animal a fini par être totalement inéquitable pour l'animal, la balance entre les avantages et les inconvénients étant maintenant clairement défavorable pour l'animal, d'où le problème éthique que j'ai par rapport à la consommation de viande.

Voici quelques exemples où je considère que le deal est équitable.

Prenons la chasse à l'orignal.

Un orignal vit sa vie d'orignal en toute liberté. Il va probablement finir sa vie soit malade, soit mangé par des loups. Ça ne fait pas une grosse différence pour lui (malgré que la chasse soit sur-représentée par rapport aux morts naturelles (référence ici).

Il y a de fortes chances pour que l'orignal accepte ce deal.

Prenons maintenant l'élevage-familial-traditionnel-à-l'ancienne de boeufs ou autres animaux.

Le deal proposé à la vache est le suivant: Elle vit sa vie de vache dans un enclos, parfois à l'abri dans l'étable quand il fait froid. Elle est inséminée par un boeuf. Elle élève son veau. Elle est protégée des prédateurs par une clôture. Elle est nourrie avec du fourrage de bonne qualité toute sa vie. Elle engraisse les champs. En échange, elle sera éventuellement abattue.

Il y a de fortes chances que la vache accepte ce deal.

Cependant...

Une vache de boucherie maintenant:

À l'âge de 18 mois (référence), elle se retrouve à l'abattoir. Par rapport à une espérance de vie naturelle de 20 ans (référence), on peut dire que ce n'est pas vraiment idéal. Elle passe donc sa courte vie à s'empiffrer pour être ensuite abattue pour sa viande.

Pas certain que le deal soit attrayant.

Une vache laitière maintenant:

Pour produire du lait, une vache doit donner naissance à un veau et ce, aux deux ans environ. Normalement, un veau consomme un gros maximum de 12 litres de lait par jour (référence). La vache laitière produit maintenant 30 litres de lait par jour (référence), jusqu'à l'âge vénérable de 5 à 6 ans où elle sera envoyée à l'abattoir pour en faire du steak haché (référence). Saviez-vous qu'un pourcentage très élevé de vaches boîtent? Pas certain que ce soit une si belle vie que ça. Cet article propose des pistes d'améliorations et donne aussi beaucoup de renseignements sur les pratiques actuelles, qui même améliorées, restent peu avantageuses pour la vache. Le tout, sans jamais avoir accès à son veau car...

Parlant de veau...

Dès la naissance, celui-ci est enlevé à sa mère pour être nourri à base d'une préparation lactée dans une ferme et abattu à l'âge vénérable de 20 semaines (référence). Super deal, non?

Et pourquoi mange-ton autant de veau? "C’est vers le début des années 80 que la production de veaux de lait a connu son véritable essor. Avant cette date, on ne savait que faire des petits veaux laitiers mâles que produisaient nos nombreuses vaches laitières, alors que nos sous-produits laitiers (poudre de lait) ne savaient trouver preneurs.

S’inspirant du modèle européen, les producteurs d’ici ont décidé d’aller de l’avant en jumelant ces deux composantes essentielles de l’élevage. Quelques années plus tard, nos producteurs ont gagné le pari. Ils sont arrivés à développer un secteur agricole dynamique et, surtout, à offrir aux consommateurs une viande de grande qualité, recherchée pour sa tendreté, sa couleur rosée et son goût raffiné." (référence)

On ne savait que faire des petits veaux laitiers mâles? Et pourquoi autant de lait? Est-ce normal que l'on consomme autant de lait?

On pourrait maintenant parler du porc:

Le porc a fait l'objet de controverses au Québec il y a quelques années, rappelez-vous "Bacon Le Film". Allez-voir la castration vers 41 minutes. C'est insoutenable. Vous pouvez lire ici la réplique de la Fédération des Producteurs de Porc du Québec: remarquez comme ils font peu de cas des conditions d'élevage.

On leur enlève tellement la possibilité d'exprimer leurs comportements naturels qu'ils finissent par se mordre la queue. On leur coupe donc à la naissance, on leur enlève les dents et on les castre. Ils vont ensuite vivre leur courte vie sur un plancher de caillebotis dépourvu de litière. Espace disponible par porc: moins de 8 pieds carrés. 2 pieds par 4 pieds. Voir cet article en référence, qui décrit aussi un bon paquet de mesures qui pourraient être prises pour améliorer leur sort. Mais même là on resterait probablement loin d'un deal équitable.

Ces porcs doivent aussi être transportés à l'abattoir. Pendant le transport, le taux de mortalité est d'environ 0.1% (référence). À 250 porcs par voyage (référence), on compte 1 mort pour 4 voyages. On est loin des pires performances des pires compagnies de transport pour humains... Et c'est sans compter les porcs dits "fragilisés", c'est-à-dire qui ont de la difficulté à se déplacer par eux même. Ceux-là sont plus fréquents que les morts. Et on n'a pas encore parlé du taux de mortalité à l'engraissement qui est de 5 à 6% (référence). C'est énorme.

Un porc est abattu à l'âge d'environ 120 jours. (référence). Dans la même référence, vous verrez aussi qu'on utilise de la Ractopamine (Paylean), pour accélérer leur croissance. Ces produits sont interdits dans plusieurs pays. Pourquoi pensez-vous que la viande ne goûte plus rien et qu'elle fait de l'eau en cuisant?

Sa maturité sexuelle devrait être atteinte à l'âge de 6 mois et sa longévité naturelle est de 25 ans.

Tout un deal pour le pauvre porc.

Et les poules (et les oeufs) maintenant?

Cages minuscules, stress, agressivité, bruit, tel est leur lot actuel.

Cet article est très intéressant.

Une poule de consommation va être abattue à l'âge vénérable de 40 jours (référence). Sa longévité naturelle est de 12 à 18 ans.

Densité de population: 21-23 sujets par mètre carré. Mmmmm.

Plusieurs problèmes de santé sont liés à cette croissance ultra-rapide, notamment de la boiterie et des fractures des pattes. Encore ici, autour de 5% des sujets ne se rendent pas à l'âge d'abattage.

Toutes les poules pondeuses sont obligatoirement des femelles. Le poulet de chair est mâle. Ce sont cependant deux espèces différentes. Il faut donc les trier à naissance, opération qu'on appelle le "sexage". 50% des poussins à peine éclos sont donc jetés vifs dans un broyeur. Je vous invite fortement à lire l'article suivant du Huffington post et visionner le vidéo qui y est présenté. C'est vraiment troublant. Vraiment.

Autres

Les élevages de poissons et autres animaux ne sont guère mieux mais mon intention n'était pas de faire un inventaire exhaustif.

LA CONCLUSION

Certaines personnes trouvent abominable la façon dont sont traités les animaux d'élevage. D'autres trouveront ça totalement acceptable.

Personnellement, je crois en une forme d'élevage plus respectueuse de l'animal. Je crois aussi que cette forme d'élevage est excessivement rare. Je n'ai pas envie d'encourager une industrie qui considère l'animal comme un produit et qui l'a dénaturé à un point tel qu'il n'est plus capable de se tenir sur ses pattes. Sommes nous prêts à payer la viande plus cher pour assurer de meilleures conditions d'élevage?

Une alimentation végétalienne garantit le respect des animaux. Ma part n'est pas énorme, mais elle me permet d'être en paix.

Comme disait Gandhi: "On peut juger de la grandeur d'une nation par la façon dont les animaux y sont traités".

D'autres articles suivront sur les autres raisons de réduire ou éliminer sa consommation de viande.



20/01/2013
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