Le blog d\'IronJeff

MONTRÉAL ESPRIT 2013 - La veille...

PRÉPARATION

Je suis arrivé bizarrement préparé à cette compétition. En effet, après Tremblant, j'ai eu quelques jours de repos, puis c'était la randonnée Vélo-Santé sur la Côte Nord. J'ai fait seulement deux jours de la randonnée car je devais partir 1 semaine aux États-Unis le dimanche. De plus, je me suis blessé au jambier antérieur gauche (le muscle qui sert à lever le pied) pendant la randonnée car je n'étais pas 100% récupéré de Tremblant et j'ai poussé très fort la machine (Peloton 6 oblige). Toujours est-il que j'avais de la difficulté à marcher en descendant de mon vélo.

Durant mon voyage aux États, je devais me déplacer en usine avec de lourdes bottes de sécurité, ce qui n'a rien fait pour aider ma blessure, et en raison de problèmes de vol j'ai seulement bénéficié de 2 heures de sommeil la première nuit. J'ai donc profité de la semaine suivante pour me reposer totalement et essayer de guérir ma blessure, incluant un traitement de physio pour valider que je serais capable de faire la course, même en souffrant un peu.

Bref, entraînement total pendant les 3 semaines précédant l'épreuve: SWIM 0 km, BIKE 220 km, RUN 0 km.

Pour cette compétition, nous étions 3 du club Jakours. J'ai fait le trajet avec Lyne, la présidente du club. Jarold faisait le voyage en famille. J'étais parti un peu à la presse le matin car il fallait amener les enfants à l'école et j'avais un appel conférence à faire avant le départ. Vers 10h je suis enfin prêt et je passe prendre Lyne chez elle.

La route se déroule bien, malgré que je me sente légèrement enrhumé. On est partis plus tard que prévu alors on ramasse un Subway à Québec qu'on mange en roulant plutôt que d'arrêter, ce qui permet de sauver une bonne demi-heure.

Fort heureusement, il y a zéro trafic pour se rendre au site de la compétition, malgré qu'on soit vendredi PM. On se stationne tout près et on va chercher nos kits de compétiteurs. Sur place, on rencontre bien entendu tout le monde qu'on voit habituellement, incluant Jarold, Louis et la gang de Baie-Comeau dont Philippe et Rudy que j'ai connus dans la randonnée Vélo-Santé.

BLACKOUT

C'est bien beau tout ça mais il faut aller s'entraîner un peu. On avait convenu de faire environ 15 minutes de chaque sport avant d'aller souper. Retour à l'auto, j'ouvre le coffre. J'avais préparé le matin mon sac Ironman dans lequel j'avais mis mon wetsuit, mes souliers de vélo, mon trisuit, mon casque de vélo, mes souliers de course et autres accessoires essentiels. Cherche mon sac. Pas de sac. Je regarde sur le siège arrière, des fois. Nada. Rien. Les jambes me ramollissent et j'ai la nausée: j'ai oublié mon sac à la maison dans le rush du matin en allant mener les enfants à l'école. J'ai un blackout d'une ou deux minutes pendant lesquelles ma vie perd soudainement son sens, puis je me ressaisis. Passons en mode solution.

Je fais rapidement le tour de la situation: Nous sommes vendredi, il est 16h45. Je suis à Montréal, à 5 heures de route de la maison et mon départ est dans 14 heures. Je suis en possession d'un téléphone "intelligent" avec plein accès à Internet et j'ai environ 1200 contacts.

Plan A: Aller à la boutique Courir et acheter tout le matériel qui me manque. Il y en a pour au moins 1000$. Pas que ça me dérange tant que ça mais la perspective de faire un Ironman avec 100% de matériel neuf et non testé me fait un peu paniquer. Je passe au plan B.

Plan B: Faire livrer mon sac à Montréal. Le meilleur moyen? Autobus. Au pire par avion. Je téléphone à Intercar. Départ de Jonquière pour Montréal à 17h. Aucun moyen de faire shipper mon sac par cargo, je pourrais seulement le récupérer le lendemain à 7h. Aucun moyen de faire voyager mon sac par l'entremise du chauffeur, même en soudoyant tout le monde. Aucune flexibilité, aucune compassion, aucun spécial. Je passe au plan C.

Plan C: Faire voyager mon sac par un passager qui prend ledit autobus. Je téléphone à mon voisin Michel (un collègue du club Jakours) et lui explique ma situation. Le temps file. Il reste quelques minutes pour qu'il passe chez moi, entre avec le code (fort heureusement j'ai une serrure à combinaison) et se rende à l'arrêt d'Arvida où l'autobus doit passer à 17h10. À ce moment, il va faire un appel aux passagers pour trouver une âme charitable qui puisse transporter mon précieux colis. Fort heureusement, une certaine Mélissa accepte de transporter mon sac, refusant toute forme de récompense. Michel me téléphone pour me confirmer la remise du paquet. Si tout va bien je vais récupérer mon sac à 23h45. In your face Intercar. Mon sac va voyager dans votre autobus mais pour gratis, lalalère.

Plan D: Je lance un appel à tous sur Facebook et velocia. Ce plan a été lancé en parallèle puis avorté lors de la prise de possession du sac.

Plan E: Attaquer un autre athlète le matin de la course et lui piquer son matériel. C'est vraiment le plan du désespoir et je ne l'envisage qu'une seconde ou deux.

Je suis soulagé que le plan C fonctionne, mais vraiment pas à 100%. Et si mon sac ne se rendait pas? Je jongle avec l'idée d'aller acheter du matériel quand même, puis finalement j'abandonne. Je fais confiance. Au pire, je subirai la terrible honte d'être DNS (Did Not Start). À moins d'acheter un trisuit et des goggles, emprunter un casque et faire la nage sans wetsuit. Pas super non plus comme perspective.

SOUPER ET SOIREE

Avec tout ça, on laisse tomber l'entraînement, de toute façon il fait froid et il vente. On file au condo et on se prépare un repas de pâtes sauce tomates et portobello. Délicieux, d'ailleurs j'en mange un peu trop, ce qui me causera des problèmes demain. Avec toutes mes mésaventures, je ne peux m'empêcher de prendre une bière, ce dont je m'abstiens normalement religieusement avant tout triathlon de longue distance. Cette fois-ci c'est un cas de force majeure. J'essaie de me déstresser en travaillant un peu sur le vélo. Il faut en effet que je change mes ratios de transmission car mon Argon 18 est configuré pour Tremblant (cassette 12-27), qui est montagneux, alors que le tracé pour Esprit est parfaitement plat, ce qui nécessite plutôt une cassette 12-25 pour un étalement plus régulier des ratios.

On écoute de la musique et on niaise un peu sur internet. Mes chums Jean-Luc, Daniel et Dunkin sont dans un bar pour célébrer l'anniversaire de ce dernier. J'aurais vraiment aimé être avec eux mais avec un départ à 7h, je dois conserver mon énergie. Une nouvelle apparaît dans mes messages: j'apprends le décès de Jacques, qui était professeur de drum dans les Mousquetaires, un corps de tambours et clairons dont j'ai fait partie vers l'âge de 13-14 ans, période charnière de ma vie où j'ai notamment rencontré mes chums ci-dessus mentionnés et qui sont restés mes meilleurs amis. Vraiment rien pour aider à mon moral. J'avais revu Jacques à quelques reprises au cours des dernières années. C'était un vrai passionné et il fallait qu'il le soit vraiment pour enseigner à des adolescents ingrats comme nous l'étions à cette époque. Ça me met dans un mauvais mood. J'aurais envie d'être avec mes chums à boire toute la nuit et à se raconter des souvenirs de cette période.

Vient enfin l'heure fatidique où je dois me rendre à la station Berri pour attendre l'autobus. Celui-ci arrive 35 minutes d'avance (le vendredi soir il n'y a pas de trafic et le chauffeur est pressé d'aller se coucher). Les soutes à bagages s'ouvrent et le chauffeur sort les valises une par une. J'aperçois mon précieux sac. J'en pleure presque de joie. J'offre une poignée de billets à la demoiselle qui a transporté mon sac, quelle refuse obstinément. Je retourne, le sourire aux lèvres, vers le condo, avec la ferme intention de me coucher et d'essayer de dormir au maximum pour les quelques heures qui restent à cette nuit. Dire que j'avais l'intention de me coucher à 21h30.

Quelle journée. Dire que ce n'est qu'un prélude aux souffrances qui m'attendent durant la course.

La suite ici!

 



24/09/2013
1 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 22 autres membres