IRONMAN LAKE PLACID 2011: RECIT DE COURSE PARTIE 1
3h50
Such a lonely day, and it’s mine
The most loneliest day in my life
Such a lonely day should be banned
It’s a day that I can’t stand
Je me réveille comme chaque matin depuis plusieurs mois au son de Lonely day de System of a Down. Effectivement, cette journée devrait être très solitaire une fois le départ donné.
J’ai eu une très bonne nuit de sommeil. C’est curieux car habituellement je ne dors presque pas la veille d’une course. Je me suis réveillé une fois ou deux, notamment pour manger une banane vers minuit, mais autrement le sommeil était bon.
Je ne me sens pas très nerveux. J’ai l’impression que tout ce que je peux contrôler est sous contrôle alors ça ne sert à rien de stresser.
Caro se réveille aussi. On jase un peu. Ça fait drôle, c’est aujourd’hui que ça se passe. Même ma montre Polar me l’indique : « Aujourd’hui Ironman » (J’avais réglé la date d’aujourd’hui il y a assez longtemps et le compte à rebours avait commencé à 276 jours). Je me lève prestement et je vais rejoindre mon père qui est déjà debout et qui prépare le café. Le terrain de camping est en effervescence, les autos démarrent déjà.
Café, 2 rôties, 2 bananes et je ramasse mon sac pour le départ vers le village. Caro, Danyèle et les enfants vont partir un peu plus tard pour nous rejoindre à la zone de départ.
4h30
En chemin, je mets Stereo Love, ma trame musicale pré-entraînement officielle. Ça va être une excellente journée.
Il y a beaucoup de trafic vers Lake Placid. On se rend au stationnement #2 et on embarque dans la navette. Relativement inutile car on roule moins d’un kilomètre. C’est bien les américains, ça. Un autobus pour faire sauver un kilomètre à l’élite sportive du continent. D’autant plus qu’il va falloir marcher plus longtemps que ça juste pour les special needs bags.
La zone de transition, vue de l'intérieur...
Première étape, aller préparer le vélo. Pour ce faire, il faut accéder à la zone de transition en passant par un barrage routier de bénévoles armés de crayons feutres qui nous marquent le corps à divers endroits stratégiques : Les bras (inutile car ça disparaît pendant la natation), les cuisses et le mollet droit (c’est l’âge du participant qui est inscrit là). Je fais une pause toilettes avant que la file ne soit trop longue.
Je me rends à mon vélo en me frayant un chemin dans la marée humaine. J’ai ma pompe avec moi donc pas besoin de l’emprunter ou de faire la file pour demander à des bénévoles. Pression : 145 psi (10 bars). Je remplis ensuite ma bouteille aéro et je place l’autre bouteille dans le porte bidon. Cette bouteille sera sacrifiée à la première station de ravitaillement alors j’en ai pris une vieille. Tout le reste est OK alors je retourne rejoindre Côme au point de rencontre. Quelques minutes après, Chris vient nous rejoindre. Il va être mon photographe personnel pour la journée.
Il faut aussi aller porter le sac Special Needs, pas très loin de la zone de départ (une bonne marche quand même!). Je ne voulais pas m’en servir initialement mais j’ai décidé à la dernière minute de mettre des chauffe bras pour la course au cas où je finirais tard.
On se dirige tous les trois vers la zone de départ près du lac. Les femmes et les enfants arrivent quelques minutes plus tard. Danyèle est facile à voir avec sa grosse fleur fluorescente attachée au bout de sa canne (en fibre de carbone bien entendu, on est dans un Ironman ici). Fort heureusement, car ça va être mon seul moyen de trouver ma famille pendant la course.
6h30
Le temps file. Je suis toujours en contrôle de mon horaire. Je commence à enfiler mon wetsuit. La fréquence cardiaque commence à augmenter sensiblement. On jase, on prend des photos.
Avec mon père...
Avec la famille....
Avec Chris, qui m'a fait courir mon première kilomètre à vie le 5 novembre 2006 (d'où le "1")
La météo est parfaite. Le temps est légèrement nuageux, ce qui va retarder l’apparition de la chaleur.
6h50
Départ des pros auquel j’assiste avec la famille.
Je me dirige immédiatement après dans la zone de départ, qui est gardée par des gorilles à qui il faut montrer le Bracelet Bleu si on veut entrer. Il y a deux tapis pour compter les nageurs à l’entrée : Wetsuit et Non-Wetsuit, puisque l’eau est chaude et qu’on a l’option du wetsuit.
Je me place dans le fond vers la droite. Je discute un peu avec les autres participants à côté de moi, qui devraient faire 1h30 environ comme moi. Ça me confirme que je suis au bon spot. On se serre la main et on se souhaite bonne chance.
Je suis facile à trouver sur cette photo, j'ai un wetsuit noir et un bonnet vert.
Commence alors l’hymne national américain.
Silence complet autant chez les athlètes que dans la foule. J’ai encore des frissons rien que d’y penser.
Tonnerre d’applaudissement à la fin.
Mike Reilly nous souhaite « THE GREATEST DAY OF YOUR LIFE !!! »
J’ai le sentiment qu’un chapitre de ma vie est sur le point de finir et qu’un nouveau est sur le point de commencer. Je pense à tous les efforts que j’ai faits pour arriver ici, à toutes les décisions difficiles que j’ai dû prendre. Les entraînements de course dans les tempêtes de neige à la noirceur, les entraînements de vélo dans la pluie froide d’avril et le vent, la nage dans le lac Clairval avant le lever du jour, les centaines de longueurs de piscine avant d’aller au bureau, les séances d’intervalles à la tombée de la nuit, les privations et les soirées manquées.
Je sais que j’ai fait mes devoirs et que ne pourrais être mieux préparé.
Chrono : check.
Lunettes : check.
Pierre chanceuse : check.
7h00 : SWIM
Coup de canon.
Un formidable grondement s’élève des eaux alors que plus de 2500 nageurs commencent leur course en même temps. Je m’avance doucement dans le lac et je commence à nager au son de Start Me Up des Rolling Stones que les haut-parleurs hurlaient à la ronde.
C’est lent au début en raison du trafic et il faut souvent regarder à l’avant car ça part de tous les côtés et dans toutes les directions. Chacun sa stratégie. Dans mon cas, je veux nager assez loin à l’extérieur pour éviter le trafic et prendre les courbes serrées pour ne pas trop allonger le parcours.
Première préoccupation : nager de façon relaxe. J’y arrive facilement, à mon grand étonnement. Les contacts physiques avec les autres nageurs sont presqu’inexistants.
Je réussis toujours à trouver un endroit calme pour nager à mon aise. À ma grandeur, je prends beaucoup de place en nageant et c’est parfois difficile d’avoir de l’eau calme, mais cette fois-ci ça se passe bien.
Le seul hic est qu’on se fait parfois prendre en sandwich entre deux nageurs qui convergent. C’est là qu’il faut naviguer, ralentir et accélérer. Ça fait partie de la course.
Premier virage à gauche, puis deuxième qui suit immédiatement après et c’est le retour vers la plage. La vue est magnifique, même si on ne peut pas vraiment l’apprécier souvent en nageant.
Arrive la fin du premier tour. Je sors de l’eau et je franchis le chrono à 45 minutes pile, exactement mon objectif, ce qui me surprend un peu car j’ai commencé assez lent en raison du trafic intense du départ.
Le deuxième tour se passe aussi bien. Je commence à avoir chaud cependant car le soleil se lève et plombe sur mon wetsuit noir. À un certain moment un nageur qui fait de la brasse me donne un bon coup de pied sur le bras. J’accélère pour le semer et je prends ensuite une minute pour retrouver mon rythme.
Je sors de l’eau en 1h30’29, pile sur mon objectif. Je trouve presque dommage que cette première partie de la course soit déjà terminée.
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